L’apiculture Professionnelle de 2022+ sera efficiente ou ne sera pas. Malgré qu’en ce début d’année beaucoup d’incertitudes pèsent sur nombreux domaines, il est certain que nous sommes engagés de gré ou de force, dans une transition énergétique et environnementale. L’apiculture professionnelle n’échappera pas à cette lame de fond. Elle doit devenir plus sobre et durable, c’est une certitude. Dans cet article nous allons explorer pourquoi et comment optimiser les déplacements..

Les leviers clé

Quels sont alors les leviers pour épouser avantageusement cette transition ? Quelle stratégie mettre en œuvre pour assurer la pérennité de son exploitation ?

Et si on va encore plus loin dans nos ambitions : est-il possible d’adopter une stratégie doublement gagnante qui permette, non seulement de préserver, mais d’améliorer les marges opérationnelles tout en étant plus vertueux envers l’environnement ?

Comme pour toute stratégie, la réponse n’est pas simple ni la solution se déploie du jour au lendemain, mais il y a des orientations. Le plus tôt elles sont considérées, le plus fluide est la transition. Les négliger c’est repousser à demain des enjeux qui à terme peuvent peser lourd sur le bilan d’exploitation et sur le moral de l’apiculteur.

Clairement il y a trois facteurs majeurs qui conditionnent la trajectoire économique de toute exploitation :

  • Optimiser les déplacements
  • Mieux gérer la main d’œuvre
  • Mieux s’adapter à la météo et au climat

Dit autrement, à mêmes compétences apicoles et/ou commerciales, l’apiculteur qui aura fait des progrès dans ces trois domaines verra l’avenir avec plus de sérénité. A coup sûr, agir sur ces trois facteurs, c’est apporter de la valeur et de la rentabilité a son exploitation.

Dans ce qui suit, nous allons nous centrer sur le premier : Optimiser les déplacements.

Les déplacements pèsent lourd sur les couts de production

L’apiculteur est un agriculteur qui n’a pas de foncier. A ce titre il est amené à se déplacer parmi ses différents emplacements. Qu’ils soient sédentaires ou transhumants ces ruchers se trouvent à entre 20 et 200km de l’exploitation.

Ces déplacements sont à la fois une charge pour l’entreprise et la principale source de Carbone ajouté au produit.

Dans son audit économique de la filière apicole en 2012 (ça date, oui), FranceAgrimer montrait que les déplacements sont de loin le principal poste de dépense.

audit agrimer frais apiculteurs
Source : FranceAgrimer – Audit économique de la filière apicole 2012

Dix ans plus tard, il n’est pas trop hasardeux de penser que ce classement reste d’actualité. Encore plus en ce début d’année, vue la flambée actuelle des cours des carburants (1,70€/l fin janvier). Penser à optimiser les déplacements c’est s’attaquer au vrai sujet.

Cours du gasoil sur une année. Après la pause Covid, il reprend de plus belle.

Bien évaluer les coûts de transport

Pour un rucher situé à 60km de l’exploitation, auquel on ferait 4 aller/retour sur une miellée, il faut calculer les frais de transport suivants

0,601 x 60km x2 A/R x 4 trip = 289€

(frais de transport complets)

Le coefficient 0,601 est issu des barèmes d' indemnité kilométrique définis par l’état. Ce coefficient prend en compte non seulement la consommation en carburant, mais tous les frais associés à la détention du véhicule (entretien, usure, etc). En clair c’est 60 centimes d’euro au kilomètre

Une erreur commune est de prendre seulement en compte les frais de gasoil :

1,65€/litre x 7litre/100 x 60km x 2 A/R x 4 trajets = 56 € (à vide)

1,65€/litre x 15litre/100 x 60km x 2 A/R x 4 trajets = 118 € (en charge)

(frais gasoil uniquement)

A l’évidence, ceci revient à considérer seulement 56/289 = 20% des dépenses. Ne vous trompez pas, prenez la bonne formule !

Plus c’est loin plus c’est cher, plus c’est risqué.

Plus vous allez loin, moins c’est rentable et plus c’est risqué. Revenir ‘bredouille’ sans récolte équivaut à une perte sèche. Et chacun sait que cette possibilité est à prendre en compte sérieusement.

marge opérationnelle apiculteur pro avec transhumance
La marge s’érode avec la distance : elle est de -2% à 25km, -8% à 100km et -24% à 300km. Ces chiffres vont certainement augmenter avec l’appréciation prévue des énergies fossiles.

Ne pas charger le produit en CO2

Et puis les déplacements ont également un effet collatéral : Si l’on traduit les frais de transport en émissions ce sont 116 kgCO2/miellée qui sont émis (toujours pour un rucher à 60km)

Bilan des courses

Clairement toute initiative venant réduire les déplacements aura un quadruple bénéfice :

  1. Réduire les coûts d’exploitation
  2. Réduire le temps perdu sur la route
  3. Réduire les émissions de C02
  4. Améliorer la qualité offerte au client avec un produit est moins chargé en CO2

Quelles solutions pour optimiser les déplacements ?

Maintenant que le décor est bien posé et chiffré, quelles sont les options à envisager?

Revoir son empreinte géographique

En premier lieu il est certainement utile de revoir son implantation actuelle et identifier s’il n’est pas possible de resserrer les emplacements. Cette action de bon sens revient d’actualité lorsque les cours du gasoil sont élevés comme actuellement.

Mais il n’est pas toujours envisageable de ramener toute l’exploitation près de chez soi. Dans ce cas il faut envisager une démarche pour optimiser les déplacements. Y aller oui, mais pas n’importe quand ni n’importe comment.

S’armer avec un Outil d’Aide à la Décision (OAD)

Un outil d’aide à la décision comme Mellisphera permet certainement de gagner en efficacité. Ici on ne parle pas seulement de balances connectées pour identifier le début de la miellée, le sujet est bien plus vaste et plus méthodique aussi :

Il s’agit déjà de savoir évaluer la qualité de la miellée potentielle. Si les conditions ne sont pas favorables, et la distance importante à quoi bon aller mettre des balances?. La décision la plus sage est de ne pas y aller. Zéro production certes, mais zéro frais aussi. Dans MyBroodMinder l’Indice de Miellée permet d’évaluer ce risque.

Si la décision de transhumer est actée, il faut ensuite charger les meilleures ruches. Laissez les ruches moyennes pour plus tard. Ici l’indicateur de couvain s’avère utile pour opérer cette sélection. is the most useful tool for making this selection.

Et une fois sur place, on peut évaluer à distance le déroulement des opérations à l’aide de plusieurs balances et sondes de couvain. Ces mesures sont extrêmement utiles mais elles donnent une vue du passé, ce sont des « rétroviseurs ». Chez BroodMinder nous aimons regarder vers le futur, et depuis 2021 nous avons mis au point des outils de prévision à 10 jours de l’évolution envisagée.

L’apiculteur fait alors une analyse factuelle à l’instant t et la projette sur un horizon à t+10 jours. Après cet exercice les choix possibles deviennent plus explicites.

Faut-il y aller ?

Si oui, quand ?

Avec quel matériel ? des hausses ou du nourrissement ?

La marge de manœuvre est suffisante ou c’est urgent ?

Cette pratique, que les meilleurs apiculteurs adoptent de plus en plus, est l’approche gagnante pour optimiser ses déplacements et in fine, une opération rentable. Et la bonne nouvelle est que ces outils, qu’ils soient matériels ou logiciels s’améliorent de jour en jour pour faciliter ce processus de décision.

Au bilan, le retour sur investissement d’un équipement de suivi et décision pour l’apiculture est inférieur à 12 mois compte tenu des économies (et du confort) qu’il permet. Ici nous avons parlé transport, mais il y a d’autres bénéfices qui seront abordés dans un futur article…


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